C’est un événement. Sydney McLaughlin-Levrone a choisi le Meeting de Paris Wanda Diamond League pour disputer sa première course de la saison. La star de l’athlétisme américain, 23 ans, s’alignera sur le tour de piste sans obstacles sur la piste bleue de Charléty. Championne du monde du 400 m haies à Eugene l’an dernier, en ayant amélioré son propre record du monde dans le temps stratosphérique de 50’’68, elle bénéficie d’une invitation de World Athletics pour les Mondiaux de Budapest (19 au 27 août) sur sa distance de prédilection. Elle a donc décidé d’en profiter pour tester sa pointe de vitesse sur le plat cet été, et c’est d’ailleurs aussi sur 400 m qu’elle disputera les Trials (6 au 9 juillet à Eugene).
Sydney McLaughlin-Levrone devait initialement effectuer sa rentrée sur 400 m lors du Grand Prix de Los Angeles, le 27 mai. Un petit pépin physique à la cuisse en a décidé autrement. C’est donc le 9 juin, dans la capitale française, que l’on aura un premier aperçu de son niveau de performance dans une épreuve où son potentiel nourrit toutes les spéculations. Son record en 50’’07, qui remonte à 2018 lorsqu’elle avait 19 ans, devrait bien sûr voler en éclats. Jusqu’où est-elle capable d’aller ? Son entraîneur, Bob Kersee, a son idée sur la question : « Sydney a les capacités qu’il faut pour battre le record de Marita Koch, a-t-il estimé il y a quelques jours dans les colonnes de l’Orange County Register, un journal américain. Elle vaut 50’’ sur 400 m haies, donc elle a la vitesse, l’endurance et maintenant la base de travail aérobie qu’il faut pour descendre sous les 48’’. »
Premiers pas vers les mythiques - et longtemps considérés comme intouchables - 47’’60 de l’Allemande de l’Est réalisés en 1985, la présence de Sydney McLaughlin-Levrone à Paris est exceptionnelle à plusieurs titres. La native de New Brunswick (New Jersey) n’a jamais pris part au plus prestigieux des meetings français. Surtout, ses apparitions en Wanda Diamond League sont une rareté. Elle n’y a disputé que quatre courses depuis le début de sa carrière, toutes en 2018. Tout aussi parlant : l’an dernier, sa saison s’est résumée, en dehors des Trials et des Mondiaux disputés dans l’Oregon, à seulement trois meetings. Les passionnés d’athlétisme présents dans les tribunes de Charléty, le 9 juin, seront donc des privilégiés. D’autant plus que la championne olympique du 400 m haies n’aura pas la partie facile face à la Dominicaine Marileidy Paulino, vice-championne olympique et du monde en titre, et qui possède un record en 48’’99.
Lyles, un spécialiste de la Wanda Diamond League
Sydney McLaughlin-Levrone ne sera pas la seule étoile du pays de l’Oncle Sam à fouler la piste parisienne. Peu nombreux l’an dernier, en raison de la proximité des Trials, les Américains seront cette fois nombreux à traverser l’Atlantique. En plus des spécialistes du 110 m haies, emmenés par Grant Holloway et Devon Allen comme déjà annoncé, le double champion du monde du 200 m, Noah Lyles, sera de la partie. Troisième performeur mondial de l’histoire sur la distance, en 19’’31, c’est cette fois sur 100 m qu’il sera aligné. Sur la ligne droite, son record est de 9’’86. Ses sorties en Europe étant assez rares, Lyles n’a couru qu’une seule fois en France dans sa carrière : il avait remporté le 200 m du meeting de Paris en 2019, en 19’’65. Avec son sens du show et ses 18 (!) victoires en Wanda Diamond League, c’est un sacré client.
Moon vise la lune
A la perche, Katie Moon (connue précédemment sous son nom de jeune fille, Nageotte) voudra prendre sa revanche sur 2019. Lors de son unique apparition au meeting de Paris, elle s’était classée sixième. Depuis, la native de l’Ohio est devenue championne olympique à Tokyo et championne du monde à Eugene. Et elle est à l’aise dans l’Hexagone, puisqu’elle a remporté le meeting de Liévin cet hiver. Avec son record personnel placé à 4,95 m, les amateurs de perche peuvent s’attendre à tout. D’autant que sa meilleure rivale, Sandi Morris, sera également présente. La championne du monde en salle 2022, une des rares perchistes à avoir déjà franchi 5 mètres dans sa carrière, aime la France, puisqu’elle y a remporté cinq des six derniers meetings qu’elle a disputés depuis 2017. Le seul qui manque à son palmarès ? Paris. L’occasion est belle de réparer cet accroc.
Valarie Allman, elle, a déjà triomphé au stade Charléty, pas plus tard que l’an passé. Avec 68,68 m, la discobole du Delaware avait damé le pion à la légendaire Sandra Perkovic, comme elle l’avait déjà fait à Tokyo pour s’emparer du titre olympique en 2021. Avec six jets au-delà des 70 m, pour un record à 71,46 m, et 18 concours au-delà des 68 m à son actif, Allman est une véritable machine à lancer loin. Les amateurs de disque ont déjà coché le rendez-vous dans leur agenda.
Benjamin en pleine lumière
Rai Benjamin est un homme qui va vite, très vite. Jugez plutôt : quatre chronos sous les 47’’ sur 400 m haies au cours de sa carrière, douze sous les 47’’50. Et même un pic à 46’’17 en finale des derniers Jeux olympiques. Sa malchance est d’être tombé en plein milieu d’une génération incroyable de hurdlers, comme Karsten Warholm et Alison Dos Santos. Malgré cela, il compte quand même un titre olympique et un titre mondial avec le relais 4x400 m américain, en plus d’une collection de médailles d’argent sur les haies. Il ne faudra donc pas manquer sa course autour de l’anneau parisien. Elle risque d’aller vite, très vite, notamment avec la présence de son compatriote Trevor Bassitt, en bronze à Eugene.
Et si vous n’êtes pas rassasié avec ce plateau de rêve, vous pourrez encore admirer la championne du monde en titre du lancer du poids, Chase Ealey, la vice-championne du monde du lancer du javelot, Kara Winger, la championne du monde du 800 m en salle Ajee Wilson, la star de la NCAA l’an dernier Abby Steiner (21’’77 l’an passé) et la quatrième femme la plus rapide de tous les temps Gabrielle Thomas (21’’61) sur 200 m, ou encore le showman Marquis Dendy à la longueur. Et bien d’autres encore…