L’an dernier au stade Charléty, Benjamin Robert devenait le douzième Français, depuis le début du XXIe siècle, à s’imposer lors du Meeting de Paris Wanda Diamond League. Avec un record personnel à la clé en 1’43’’75, grâce à une superbe et spectaculaire dernière ligne droite. « C’était un truc de malade, super kiffant », se souvient l’athlète de 25 ans. Une course qui représente aussi « une bascule » dans sa jeune carrière. « Mon statut a changé et c’est ce que je recherchais, confie-t-il. J’ai senti à partir de ce moment que le regard des autres athlètes, des juges, et du public en France, avaient changé. Des étrangers sont venus me féliciter lors de la compétition suivante. Je pense que je vais être plus attendu cette année. »
Une nouveauté par rapport à l’édition 2022, où il était presque arrivé incognito pendant que Pierre-Ambroise Bosse, le champion du monde 2017, était arrêté tous les cinq mètres pour une photo souvenir ou un autographe, et récoltait une ovation lors de la présentation des athlètes aux spectateurs. « En voyant ça, je me suis dit : Ah quand même, c’est donc ça être à la maison, raconte le vice-champion d’Europe en salle. Courir à domicile, devant sa famille, peut mettre la pression et donc amener de la crispation, mais aussi, à l’inverse, générer de l’excitation et permettre d’oser des choses. Le Meeting de Paris, cette année, va être une sorte de répétition avant Paris 2024. »
Paris 2024 et le ranking en tête
C’est avec les Jeux olympiques en tête que la Fédération Française d’Athlétisme a mis en place, depuis deux ans, une stratégie visant à maximiser la présence d’athlètes français lors de l’étape hexagonale du plus prestigieux des circuits. « Notre principale motivation est de leur donner la possibilité de se confronter à une concurrence internationale à Paris et de s’habituer à ce contexte exceptionnel, même si l’on a conscience que les conditions seront différentes dans un an au Stade de France, explique Mehdi Baala, directeur des équipes de France. Participer au Meeting de Paris offre aussi l’opportunité de progresser au ranking, le système de qualification pour les grands championnats qui est complémentaire des minima, les rendez-vous de la Wanda Diamond League étant les plus dotés en points distribués. »
Après les quarante-six Tricolores en lice en 2022, ils seront sensiblement le même nombre sur la piste bleue de Charléty, le 9 juin. Seuls les Britanniques, avec le meeting de Birmingham, font légèrement mieux en termes de représentation nationale dans le cadre de la Wanda Diamond League. « Attention, les athlètes que nous engageons ont tous la capacité d’être performants et ont leur place sur les start-list, rappelle Mehdi Baala. Le but n’est pas qu’ils soient confrontés à un niveau qui n’est pas le leur. »
Le choix des couloirs
Au-delà du nombre d’engagés, la Fédération Française d’Athlétisme « essaye de faire des choix intelligents » pour placer ses athlètes dans de bonnes conditions. « Par exemple, sur 200 m, 400 m ou 400 m haies, on tente de les positionner aux couloirs 7 ou 8, plutôt qu’au 1 ou au 2 », détaille le vice-champion du monde du 1500 m en 2003. L’organisation pour la deuxième année consécutive d’un concours de marteau, lors de l’avant-programme et hors Wanda Diamond League, répond, elle, à la volonté de valoriser les spécialistes d’une discipline actuellement porteuse en France, avec des fers de lance comme Quentin Bigot (en reprise de l’entraînement et donc absent cette année), Yann Chaussinand ou Alexandra Tavernier.
A un an des Jeux olympiques, une nouvelle victoire française à Paris serait du meilleur effet. Les hurdlers Wilhem Belocian, Just Kwaou-Mathey et Pascal Martinot-Lagarde, le spécialiste du 400 m haies Wilfried Happio, ou encore Mélina Robert-Michon, de retour à son meilleur niveau au disque, ont le potentiel pour jouer les premiers rôles. Sans oublier le champion du monde du décathlon Kevin Mayer, à chaque fois « transcendé dans ce stade formidable pour notre sport » et qui prendra part à un triathlon (hors Diamond League) 110 m haies - longueur - poids taillé sur mesure pour lui. Benjamin Robert, lui, rêve de récidiver : « Gagner une fois, c’est bien. Mais le plus dur va être de réitérer ça. Si je m’impose à nouveau, ça montrera que courir à la maison me transcende. »
Les Français engagés*
Hommes
110 m haies : Wilhem Belocian, Just Kwaou-Mathey, Pascal Martinot-Lagarde, Aurel Manga, Dimitri Bascou
400 m haies : Wilfried Happio et Ludvy Vaillant
800 m : Benjamin Robert + Yanis Meziane
2 miles : Etienne Daguinos
3000 m steeple : Djilali Bedrani
Longueur : Jules Pommery et Erwan Konaté
Femmes
200 m : Gemima Joseph
400 m : Amandine Brossier
800 m : Agnès Raharolahy
Hauteur : Nawal Meniker et Solène Gicquel
Perche : Margot Chevrier, Ninon Chapelle
Disque : Mélina Robert-Michon et Amanda Ngandu-Ntumba
Hors Diamond League
Marteau hommes : Yann Chaussinand
Marteau femmes : Alexandra Tavernier et Rose Loga
Triathlon : Kevin Mayer, Makenson Gletty, Téo Bastien, Arthur Prévost, Luc Brewin
*Liste provisoire, susceptible de modifications